Se raconter

Cela pourrait commencer par « il était un fois… » mais ce ne serait pas tout à fait juste, car le phénomène s’est produit plusieurs fois !

Cela pourrait commencer par « c’était un rêve d’enfant, le rêve de toujours… », mais là encore on s’éloignerait de la vérité car ce fut avant tout un rêve d’adulte. Un vrai, celui que l’on fait en dormant, bien au chaud sous la couette. Un rêve qui changea ma vie…

Février 2018, ce n’est pas si loin… Pourtant, j’ai l’étrange impression que cela fait une éternité, tant j’ai couché de mots sur le papier depuis, tant j’ai vu naître d’histoires dans mon imaginaire, tant je me suis attachée à tous ces personnages qui prennent vies sous mes doigts. Ces femmes et ces hommes qui me parlent dans le creux de l’oreille, qui me soufflent leur besoin de naître, viennent la nuit dans mes songes.

Au réveil, la première fois, ce fut une drôle d’impression qui émana de moi. J’avais rêvé que j’écrivais un roman, et je me rappelais très bien ce que j’avais écrit. 

Ce fait était suffisamment inhabituel, pour qu’il me perturbe une grande partie des journées qui ont suivies. D’ordinaire, j’avais très peu de réminiscences de mes songes. Perplexe, je décidais néanmoins après maintes hésitations sur une semaine, de me lancer dans la réécriture de ces souvenirs nocturnes.

Moi qui n’avais jamais rien écrit hormis mes notes de travail en séances -je suis psychologue- je me lançais tête baissée dans l’écriture d’une histoire. 

Enfin le début d’une histoire, celle qui m’était apparue en rêve, celle qui s’était imposée à moi la nuit et qui insistait désormais le jour. Mes pensées alors dansaient en boucle autour des images aperçues cette nuit-là, celle qui m’a vu naître en tant qu’auteure. L’ordinateur sur les genoux, là, sous mes doigts, des mots, puis d’autres se sont enchaînés, d’une façon fluide et comme instinctive. Je n’avais rêvé que des premières pages, et les suivantes se construisaient presque par magie. Pourtant, à ce premier stade, post rêve, je n’avais même pas le prénom de mon héroïne, ni même son métier et encore moins son parcours. Ces éléments s’immisçaient spontanément dans mes écrits, mon personnage prenait naturellement de l’épaisseur et son histoire de vie se construisait… 

Et moi je voyageais à ses côtés. Les heures d’écriture passaient, les jours, puis les semaines, et la vie de mon héroïne, la première prénommée, au détour d’une page, Annabelle, se dessinait sous mes yeux, des yeux fascinés par ce qui se produisait. La fin de son aventure, je l’ignorais encore quelques pages avant le mot FIN posé… 

La surprise fut immense, le bonheur intense, comme aujourd’hui, je reste encore surprise des choix de mes héros, de leurs trajets, de leurs façons de vivre leurs émotions. Je suis fascinée par ce cadeau de la vie. Je sais maintenant que je ne suis qu’une passeuse d’histoires. Alors j’écris pour que d’autres personnes puissent voyager aux côtés de mes personnages qui ont tant à montrer et dire.

Depuis février 2018, écrire est devenu comme un second souffle. Un souffle naturel, simple, vital presque. Je me demande même aujourd’hui comment j’ai pu faire sans… Je vis à n’en pas douter une seconde vie dans celle que j’ai démarré il y a 48 années.

J’aime à penser que les mots sont des valises qui font voyager. Je crois que je suis partie pour un tour du monde ! Les idées fusent, les décors se créent, les personnages se dessinent presque par magie. Puis l’ambiance se dévoile, l’intrigue nait.

J’ai le coeur qui bat vite, je souris, je me crispe, une larme s’échappe… Le voyage est intense. L’imaginaire n’a pas de limites, de nombreux mondes sont à découvrir. Alors je prends la route, vous me suivez ?